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Le projet du tunnel Maroc-Espagne : renaissance d’un vieux rêve entre deux continents
Tunnel Maroc-Espagne, un vieux rêve désormais réalisable grâce à la faisabilité technique
Le tunnel sous-marin Maroc–Espagne, longtemps perçu comme une chimère, a franchi un cap décisif avec la confirmation de sa faisabilité technique par l’entreprise allemande Herrenknecht, reconnue pour ses tunneliers géants. Les études récentes, commanditées par les entités publiques des deux rives, valident des scénarios de percement prenant en compte la crête de Camarinal, zone géologique sensible du détroit de Gibraltar. Ce feu vert ne garantit pas l’exécution, mais il lève la barrière technologique majeure qui retenait le projet depuis le XIXe siècle, époque où germait déjà l’idée d’un lien fixe entre l’Afrique et l’Europe.
La fenêtre temporelle se précise. Des jalons initiaux sont évoqués autour de 2030, en résonance avec la Coupe du monde 2030 co-organisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Les scénarios raisonnables fixent une mise en service entre 2035 et 2040, le temps de boucler les études d’exécution, d’assembler le financement et de mobiliser les équipes d’ingénierie et de travaux publics. Une étape politique importante est attendue d’ici l’été 2027, date cible pour une décision conjointe sur le montage opérationnel et la gouvernance binationale.
Pourquoi ce nouvel élan maintenant ? La maturité des technologies de tunneliers à pression, les retours d’expérience du tunnel sous la Manche et la montée en puissance des infrastructures marocaines (notamment Tanger Med et la liaison ferroviaire à grande vitesse Al Boraq) composent un contexte favorable. En face, l’Andalousie modernise ses axes vers Algeciras, tandis que les flux de transport international entre l’Atlantique et la Méditerranée justifient un corridor fiable en toutes saisons.
La longueur et la profondeur finales dépendront du tracé définitif, qui devrait contourner au mieux les formations les plus instables. L’hypothèse d’une galerie principale avec des interconnexions régulières pour la sécurité et la maintenance s’impose. Le modèle économique évoqué s’inspire du tunnel sous la Manche : revenus combinant fret et passagers, avec possible concession à long terme, et apport de la Banque européenne d’investissement si le projet obtient un label de l’Union pour la Méditerranée et s’inscrit dans les corridors transeuropéens.
- 🚀 Cap technologique franchi par la validation Herrenknecht.
- 🧭 Calendrier indicatif : décision politique cible 2027, jalons vers 2030, service 2035–2040.
- 🌊 Défi géologique majeur : la crête de Camarinal et la maîtrise des pressions.
- 🚄 Usage mixte attendu : fret et passagers sur liaison ferroviaire.
- 🤝 Coopération transfrontalière accrue Maroc–Espagne, avec ancrage euro-africain.
| Étape clé 🗓️ | Contenu principal 📌 | Acteurs 🧩 |
|---|---|---|
| Études historiques | Idée née au XIXe siècle, relancée au XXe | États, académiques 🇲🇦🇪🇸 |
| Feu vert technique | Validation par Herrenknecht | SECEGSA, organismes marocains |
| Décision attendue 2027 | Choix du modèle financier et gouvernance | Gouvernements, BEI, Union pour la Méditerranée |
| Jalons 2030 | Pré-construction, commandes de tunneliers | Consortiums d’ingénierie et de travaux publics 🔧 |
| 2035–2040 | Mise en service progressive | Opérateur du tunnel 🚉 |
La synthèse est claire : le verrou technologique est levé, laissant place aux arbitrages financiers et à la mobilisation des compétences.

Effets économiques et emploi au Maroc : des travaux publics aux chaînes de valeur export
Le chantier du tunnel Maroc–Espagne promet un impact massif sur l’emploi au Maroc, notamment dans les travaux publics, la fabrication d’éléments préfabriqués, la logistique et les services. L’expérience du tunnel sous la Manche montre que ces mégaprojets créent des pics d’activités sur dix ans, puis des emplois pérennes d’exploitation. Dans la région Tanger–Tétouan–Al Hoceïma, les écosystèmes déjà structurés autour de Tanger Med et de l’automobile pourront capter des marchés complémentaires : segments en béton, acier spécial, équipements électromécaniques, systèmes de signalisation et sûreté.
Les estimations d’emplois, établies par analogie avec des projets comparables, font apparaître un potentiel de 15 000 à 20 000 postes directs et indirects pendant la phase de construction, puis plusieurs milliers pour l’exploitation, la maintenance et les services associés. Le Maroc bénéficie d’un vivier de techniciens formés par l’OFPPT et d’ingénieurs issus des écoles publiques et privées ; l’enjeu est d’organiser des parcours certifiants sur les métiers de tunnelier, de géotechnique et de sécurité ferroviaire.
Des acteurs industriels marocains, comme une entreprise fictive baptisée AtlasRail, pourraient assembler des voussoirs et préfabriqués dans des usines proches du port. Les délais d’acheminement raccourcis et la densité des connexions maritimes avec l’Espagne facilitent une coopération transfrontalière fluide. Le tissu des PME de Tanger et Kénitra, qui a appris à répondre aux standards de l’automobile, est bien placé pour adapter sa qualité au secteur des infrastructures ferroviaires.
- 🏗️ Création d’emplois qualifiés dans le génie civil et l’électromécanique.
- 🏫 Montée en compétences via des certifications tunnelier et sécurité.
- 🧪 Innovation sur les bétons durables, la ventilation et l’IoT de maintenance.
- 📦 Effet d’entraînement pour la logistique autour de Tanger Med 🚢.
- 🌍 Boost du transport international et des services à valeur ajoutée.
| Famille de métiers 👷 | Volume estimé d’emplois 🔢 | Compétences clés 🧠 |
|---|---|---|
| Génie civil | 6 000–8 000 | Travaux souterrains, béton, sécurité 🚧 |
| Électromécanique | 2 000–3 000 | Ventilation, pompage, énergie ⚡ |
| Signalisation & contrôle | 800–1 200 | Systèmes ferroviaires, cybersécurité 🛡️ |
| Logistique & supply | 3 000–4 000 | Chaînes d’approvisionnement, douanes 🚚 |
| Exploitation & maintenance | 1 500–2 500 | Ops 24/7, GMAO, sûreté 🔧 |
Pour accélérer, trois leviers sont stratégiques : un programme national de formation accélérée, des incitations fiscales ciblées pour la production locale de composants, et des marchés publics exigeant un taux de contenu local progressif (par exemple 30 % puis 50 %). Une cellule “emplois & compétences” dédiée au projet, pilotée avec les régions, permettrait d’orienter les jeunes diplômés et les reconversions. L’effet durable se mesurera à la capacité de la filière à exporter ses savoir-faire au-delà du projet.
La transformation économique sera d’autant plus robuste qu’elle s’accompagnera d’un investissement social dans la formation et la sécurité, véritable assurance de compétitivité marocaine.
Géologie du détroit et ingénierie du tunnel sous-marin : maîtriser les risques pour une liaison fiable
Le cœur technique du projet réside dans l’ingénierie souterraine face à une géologie complexe. La crête de Camarinal impose des contraintes de pression et de perméabilité qui requièrent des tunneliers à confinement (EPB ou slurry) capables de naviguer entre roches et sédiments. La gestion de l’eau sous haute pression, l’injection de coulis, la pose de voussoirs étanches et la surveillance en temps réel composent un système intégré, soutenu par des jumeaux numériques et des capteurs distribués.
La sécurité des usagers exige des dispositifs éprouvés : interconnexions tous les quelques centaines de mètres, ventilation redondante, alimentation électrique secourue, détection incendie, et procédures d’évacuation coordonnées entre le Maroc et l’Espagne. Le modèle du tunnel sous la Manche sert de référence, tout en adaptant les spécificités sismiques de l’Alboran et les courants particuliers du détroit. Les tests en environnement hyperbare, rares mais cruciaux, devront être réalisés par des équipes spécialisées.
Sur le plan de l’exploitation, la liaison ferroviaire privilégiera un gabarit et une signalisation compatibles avec les réseaux marocain et européen. L’interopérabilité (gabarit, tension, normes de sécurité) fera l’objet d’une standardisation conjointe. La résilience climatique est également au programme : gestion des crues, températures, et scénarios extrêmes intégrés au design. Une maintenance prédictive basée sur l’IA de capteurs limitera les arrêts et prolongera la durée de vie des équipements critiques.
- 🛰️ Surveillance continue par capteurs et jumeau numérique du tunnel.
- 🧯 Sécurité multi-barrières : ventilation, refuges, redondance.
- 🧱 Étanchéité renforcée via voussoirs, joints et injections ciblées.
- 🌡️ Résilience climatique et gestion des risques extrêmes.
- 📐 Interopérabilité ferroviaire Maroc–UE pour le transport international.
| Risque majeur ⚠️ | Mesure de maîtrise 🧰 | Indicateur de suivi 📊 |
|---|---|---|
| Infiltration d’eau | Injection, confinement, pompage | Taux de débit admis 🌊 |
| Instabilité géologique | Traçage optimisé, renforcement local | Déformations en temps réel 📡 |
| Incendie/évacuation | Interconnexions, ventilation, capteurs | Temps d’évacuation cible ⏱️ |
| Défaillance énergie | Alimentation double, groupes secours | MTBF/MTTR 🔋 |
| Séisme/courants | Normes anti-sismiques, calculs dynamiques | Accélérogrammes 📈 |
Une chaîne d’ingénierie robuste et entraînée, alliée à une culture de sûreté partagée entre les deux rives, conditionnera la disponibilité et la confiance du public.

Coopération transfrontalière et gouvernance : Maroc–Espagne au service d’une Méditerranée connectée
La réussite du tunnel reposera sur une coopération transfrontalière exemplaire entre le Maroc et l’Espagne, appuyée par des institutions européennes et régionales. Les structures publiques d’étude des deux pays, historiquement impliquées, devront converger vers une société de projet binationale, capable de piloter les appels d’offres, la répartition des risques et la conformité aux standards. L’obtention d’un label de l’Union pour la Méditerranée renforcerait l’éligibilité aux financements européens et climatiques.
Le financement est estimé à plusieurs milliards d’euros, avec une référence publique de 8,5 milliards d’€ côté espagnol pour la phase initiale. Le montage pourrait combiner fonds souverains, prêts de la BEI, garantie partielle et une concession de longue durée inspirée du tunnel sous la Manche. Une tarification équilibrée entre fret et passagers, intégrant un mécanisme d’accès non discriminatoire, garantirait l’attractivité pour les opérateurs.
La gouvernance devra anticiper les enjeux humains : formation coordonnée, sécurité sociale des travailleurs, équité de traitement, et information transparente des riverains. Les services frontaliers (douanes, police, phytosanitaire) sont appelés à s’harmoniser, avec une modernisation numérique des contrôles pré-embarquement. La protection de l’environnement marin fera l’objet de suivis partagés et de comités scientifiques ouverts aux universités des deux rives.
- 🤝 Gouvernance conjointe pour la planification, l’exécution et le contrôle.
- 💶 Montage financier mixte : BEI, fonds nationaux, concession.
- 🛂 Guichet frontalier intégré et digitalisé pour fluidifier les flux.
- 📣 Transparence et dialogue territorial continue avec les citoyens.
- 🌿 Suivi environnemental des écosystèmes du détroit.
| Pilier de gouvernance 🧭 | Responsabilités clés 📝 | Bénéfices attendus ✅ |
|---|---|---|
| Société de projet binationale | Marchés, coordination, audits | Décisions rapides, alignement 🇲🇦🇪🇸 |
| Financement & concession | Structuration, tarification, risques | Prévisibilité sur 30–50 ans 💼 |
| Frontières intelligentes | Contrôles unifiés, data partagée | Gain de temps et sécurité 🔐 |
| Environnement & science | Suivi biodiversité, monitoring | Acceptabilité sociale 🌊 |
| Formation & emploi | Certifications, mobilité des talents | Compétences durables 📚 |
Un cadre de gouvernance clair, lisible et inclusif fera la différence entre une ambition et une réalité durablement utile aux citoyens.
Mobilité, culture et durabilité : la liaison ferroviaire qui change la vie des usagers
Au-delà de l’exploit technique, le tunnel transformera les pratiques de mobilité. La promesse d’un trajet régulier, indépendant de la météo, avec un temps de traversée stabilisé, changera la vie des travailleurs transfrontaliers, des étudiants et des familles. Les touristes européens curieux du Maroc, et la diaspora marocaine en Europe, bénéficieront d’itinéraires simples et compétitifs, articulés avec les réseaux ferrés nationaux et les hubs maritimes.
Sur le fret, l’avantage est net : un passage continu et cadencé renforce la chaîne du transport international. Les produits agroalimentaires, les pièces automobiles et le textile gagneront en fiabilité temporelle. Les opérateurs intégreront le tunnel dans des schémas “rail + route” optimisés, réduisant l’empreinte carbone par rapport aux flux tout-camion ou aérien. Les bénéfices environnementaux s’additionneront aux gains économiques.
Côté service, le digital guidera l’expérience : billet unique, réservation de créneaux fret, informations en temps réel, et assistance multilingue. La tarification sociale et des réductions pour étudiants et seniors garantiront l’accessibilité. Le calendrier de la Coupe du monde 2030, s’il ne conditionne pas l’ouverture, sert de catalyseur politique et médiatique pour porter une vision de mobilité euro-africaine inclusive.
- 🚆 Confort et régularité d’une liaison ferroviaire évitant les aléas météo.
- 🧳 Facilitation pour les familles et la diaspora entre Maroc et Espagne.
- ♻️ Réduction CO₂ par report modal du camion/avion vers le rail.
- 📱 Digital : billet unique, suivi de bagages, notifications.
- 🎫 Tarification inclusive et offres combinées tourisme.
| Segment d’usagers 🚉 | Bénéfice principal 🌟 | Exemple concret 📦 |
|---|---|---|
| Travailleurs | Temps de trajet stable | Rotation hebdo sans annulation ⏳ |
| Étudiants | Accès à des campus croisés | Double diplôme Maroc–Europe 🎓 |
| Touristes | Forfaits rail + culture | Week-end Tanger–Séville 🎭 |
| Chargeurs | Prévisibilité logistique | Livraison J+1 entre hubs 🚚 |
| PME | Coûts maîtrisés | Export textile régulier 🧵 |
Une mobilité fiable, inclusive et verte donnera tout son sens au tunnel en tant que service public stratégique, et pas seulement comme prouesse d’ingénierie.
Feuille de route opérationnelle : du financement à la mise en service, une méthode pour réussir
Une trajectoire pragmatique s’impose pour convertir l’élan politique en réalisations concrètes. Elle commence par un bouclage d’études d’exécution, une décision conjointe maroco-espagnole visée en 2027, et la structuration d’une société de projet dotée de moyens. Viennent ensuite l’ingénierie détaillée, l’acquisition de tunneliers, la fabrication des voussoirs et la mobilisation des bases travaux côté Tanger et Algésiras. Les appels d’offres devront valoriser la qualité, la sécurité et le contenu local, tout en sécurisant les calendriers d’approvisionnement.
Pour le marché marocain de l’emploi, la feuille de route comprend des académies techniques en partenariat avec les écoles d’ingénieurs, des chantiers-écoles et des stages rémunérés. Les régions doivent anticiper l’accueil de travailleurs, le logement, la santé et la mobilité quotidienne. Les entreprises marocaines seront incitées à créer des co-entreprises avec des partenaires européens pour accélérer le transfert technologique et l’accès aux marchés export.
- 🧭 2025–2027 : décisions, société de projet, accords de financement.
- 🏭 2027–2030 : commandes d’équipements, bases de production et essais.
- 🚇 2030–2035 : creusement, pose des équipements, essais dynamiques.
- 🧪 2035–2040 : certification, montée en charge commerciale.
- 📊 Suivi : indicateurs publics d’avancement trimestriels.
| Période ⌛ | Livrables clés 📁 | Indicateurs 🎯 |
|---|---|---|
| 2025–2027 | Gouvernance, financement, permis | Accords signés ✅ |
| 2027–2030 | Tunneliers, usines de voussoirs | Capacité installée 🏗️ |
| 2030–2035 | Avancement creusement | Km/month, sécurité 📈 |
| 2035–2040 | Essais, services pilotes | Heures de test, fiabilité 🔄 |
| Au-delà | Optimisation OPEX | Disponibilité > 98 % 📌 |
Cette méthode, lisible et monitorée, donnera confiance aux citoyens et aux marchés, en alignant l’ambition stratégique sur des résultats mesurables.
Le tunnel sera-t-il routier ou ferroviaire ?
Le scénario privilégié est une liaison ferroviaire, plus sûre et plus performante pour le transport de passagers et de fret. Elle s’intègre mieux aux objectifs climatiques et à l’interopérabilité des réseaux entre le Maroc et l’Espagne.
Quand une décision politique est-elle attendue ?
Les gouvernements visent une décision conjointe d’ici l’été 2027, après finalisation des études d’exécution et du montage financier. Cette étape lancera les commandes industrielles majeures.
Quel est l’ordre de grandeur du coût ?
Les estimations publiques évoquent environ 8,5 milliards d’euros côté espagnol pour la phase initiale. Le coût total dépendra du tracé final, des équipements et de la ventilation de risques entre partenaires.
Quelles opportunités pour l’emploi au Maroc ?
Le projet pourrait générer 15 000 à 20 000 emplois directs et indirects pendant la construction, puis plusieurs milliers en exploitation et services. Des programmes de formation spécialisés seront déterminants.
Quel rôle de l’Union pour la Méditerranée ?
Un label de l’Union pour la Méditerranée renforcerait la coordination régionale et l’accès aux financements européens, tout en garantissant des standards environnementaux et sociaux élevés.
Avec une rigueur d’orfèvre, Adil observe les mutations du marché de l’emploi marocain. Il pose un regard analytique sur les réformes, les tendances et les politiques RH avec une plume structurée, synthétique et précise.